La fabrique à crétins (2/2)


Actée la baisse du niveau

Dans les savoirs fondamentaux

Lire écrire compter relégués

En sous-matières sont intégrées

À la grande Expression Orale

Des pédagos le nouveau Graal


On nivelle on arase étête

Et nos bons inspecteurs s'entêtent

À décérébrer les futurs

Prolétaires et comme la nature

A horreur du vide elle laisse

La place à une molle paresse


Dès lors pour occuper les cancres

On les met devant des écrans

Face aux images qui bougent ils

N'ont plus qu'à rester bien tranquilles

Abreuvés par un logiciel

D'intelligence artificielle


Quand la chasse aux meilleurs élèves

Qui finissent dans les réserves

Des plus chères écoles privées

Irrémédiablement menée

A conduit à une extinction

De l'espèce en l’Éducation


La fabrique à crétins

De l'E.N. tourne à plein


Injonction à la bienveillance

Sur fond de baisse d'exigence

Dans le barème la notation

Chiffrée comme l'appréciation

On ne retient que l'intention

Et on distribue des mentions


Et pour pas dévaloriser

Les copies les moins bien notées

On remplace les connaissances

Non acquises par la prescience

Et le feeling l'idée absconse

Par l'instinct de bonne réponse


Si tu veux qu'ils sautent en hauteur

Abaisse la barre en longueur

Raccourcis le bac à sable en

Endurance réduis simplement

La longueur de piste et décore-

Les tous d'une médaille en or


Car moins vite moins haut moins fort

Pour ne léser personne en sport

On a arrêté de compter

Les points et de chronométrer

Au nom de la sportivité

Qu'importe si le match est truqué


La fabrique à crétins

De l'E.N. tourne à plein


On tue la critique dans l’œuf

Pour éviter tout regard neuf

Qui questionne la Société

Nous inculquant qu'un P.D.G.

Est en place pour diriger

L'ouvrier pour exécuter


Donc à quoi sert-il de compter

Si c'est pour recompter après

De lire d'écrire et de penser

Si c'est après pour critiquer

Le chef qui a toujours raison

Comme l'enseigne l’Éducation


On conspue la pensée critique

Chasse l'esprit scientifique

Et les théories du complot

Prolifèrent en leurs ciboulots

À persécuter les scientistes

On a fait des obscurantistes


Le Ministre éteint les lumières

Des siècles passés et espère

Que les esprits non éclairés

Et gavés de publicités

Devant leurs écrans allumés

Finiront par ne plus voter


La fabrique à crétins

De l'E.N. tourne à plein


I.U.F.M. E.SPE. IN.SPE.

On change les noms mais pas les

Inspecteurs et les formateurs

Qui y œuvrent déformateurs

Issus des mêmes promotions

Recrutés par cooptation


Experts en rien mais pontifiants

Ou carriéristes incompétents

Ils ne sont pas assez mauvais

Ou nuls pour ne pas formater

La prochaine génération

De professeurs en dépression


Aux obéissants les plus vils

Les plus loyalement serviles

On enfilera à la hâte

Un costume et une cravate

Et on leur inculquera haine

Des profs et soumission au MEN.


Et dans cette génération

De crétins parmi les plus cons

Indécrottables on nommera

Les moins doués aux rectorats

Et les plus torves rue de Grenelle

Pour que tout reste bien tel quel


Que leur fabrique à crétins

Ne s'arrête pas au moins

La fabrique à crétins (1/2)


Après lecture du livre éponyme

de Jean-Paul Brighelli


À la conférence de Lisbonne

Pour qu'une société fonctionne

On décrète qu'il faut dix pourcent

De cadres et le reste des gens

En consommateurs abêtis :

Le collège unique est bâti


Après démocratisation

Place à la massification :

Pour amener presque sans couac

Toute une génération au bac

Et intégrer les étrangers

L'école a bien dû s'adapter


Pour nos énarques c'est l'occasion

Rêvée de niveler à fond :

Le public au ras des pâquerettes

Et le privé pour les moins bêtes

Deux vitesses pour l'enseignement :

La marche arrière ou bien l'avant


Ils remplacent la note chiffrée

Par de jolis points colorés :

Vert orange et rouge C'est bien !

Car vert c'est vert à treize ou vingt

Alors pourquoi plus travailler

Si le vert n'est pas plus foncé ?


La fabrique à crétins

De l'E.N. tourne à plein


Pourtant rejetée sans ambages

Par les instits en écolage

La méthode dite de lecture

Globale imposée fit – c'est sûr –

Des dégâts pédagos majeurs

Chez les plus fragiles lecteurs


Les pédagogues au pouvoir

Relèguent au rebut les savoirs

Les I.G. vantent leur « nouvelle

Pédagogie » nulle mais belle

Les instituteurs réfractaires

Sont taxés de réactionnaires


Pour niveler celui qui pense

On évalue des compétences

Dites transversales des savoirs

-faire et -être en place des savoirs

Trois colonnes sur un bulletin

Qu' les parents n'y comprennent rien


I.G. I.A. et I.E.N.

Nous récitent la même antienne

De réformes inculquées ineptes

Qu'ils imposent à tous au forceps

Les professeurs récalcitrants

Sont vus comme des éléphants


La fabrique à crétins

De l'E.N. tourne à plein


La conjugaison la grammaire

Et l'orthographe sont des grands-mères

Pour la nouvelle génération

Maintenant place à l'expression !

Écrite ? Vous n'y pensez pas ?!

L'oral suffira bien comme ça !


Les mots qu'ils ne savent plus lire

Ni écrire ils n'ont qu'à les dire

On remplace la littérature

Par des magazines brochures

Et modes d'emploi Tant qu'ils ânonnent

Et qu'ils sachent appuyer sur ON


La participation orale

Est valorisée au grand dam

De l'écrit Partout on la note

L'élève n'a rien à dire ? Qu'importe !

Que le niveau de langue chute

Tous s'en rendent compte mais...chut !


Depuis qu'au nom du droit sacré

De chaque élève à s'exprimer

On a tué en laissant faire

Le devoir du cancre à se taire

L'imbécile ramène sa science

Le scientifique fait silence


La fabrique à crétins

De l'E.N. tourne à plein


PRISM PIRLS TIMMS toutes les enquêtes

Le montrent et nul ne s'en inquiète

Les rapports sont mis au tiroir

Les états des lieux au placard

On ne relève que les points forts

Au Ministère sans désaccord


Baisse générale du niveau

Tous égaux zéros ex æquo

Égalité et équité

Sont confondus par les I.G.

Le nivellement par le bas

Est décliné par les I.A.


Médiocrité encouragée

Et excellence réprouvée

Au nom de l'égalitarisme

On fait la chasse à l'élitisme

Qui a acté dans l'impensé

La défaite de la pensée ?


Vade retro Intelligence !

Le temps n'est plus à l'exigence

Les valeurs de travail d'effort

Sont dévalorisées Les forts

Rejetés dans les oubliettes

Bruyantes des classes végètent


La fabrique à crétins

De l'E.N. tourne à plein

Sous pseudo

 

Nom de guerre

Anonyme

Littéraire

Cryptonyme

Pour ces hères

Qui ruminent

Ma carrière

Sous pseudo

Je suis moi

Je suis toi

Je suis nous

Je suis vous


Sous pseudo

Contre ceux

Critiqueurs

Ces censeurs

De recteur

Qui méprisent

Nos valeurs

Vassalisent

L'inférieur

Terrorisent

Les auteurs


Sous pseudo

Isotope

Pour salauds

Et salopes

Je suis P

Le Banni

Quel toupet !

Je n' le nie


Nom de plume

En entête

De ce livre

D'un poète

Qui ne livre

Pas sa tête

À l'enclume

Sous pseudo

Je suis moi

Je suis toi

Je suis nous

Je suis vous


Sous pseudo

Contre celles

Qui harcèlent

Et musellent

Ces soubrettes

Du ministre

Qui soumettent

Le sinistre

Qui s'entête

Et le brisent

En traîtrise


Sous alias

En rempart

Aux connasses

Et connards

Je suis P

Le Banni

Dont l'I.P.

Vous renie

A la page

  

Un courrier de plus

Un couplet encore

Un recours en sus

Un refrain d'abord


À lire chronologiquement

En commençant par le sommaire

Et espérant un dénouement

Avant la table des matières

Faudrait pouvoir tourner la page

Mais sans en avoir que des blanches

Dans une carrière à la page

Tenue à nouveau par le manche


Un courrier de plus

Un couplet encore

Un recours en sus

Un refrain encore


La quatrième de couverture

Ne nous propose que de lire

Le résumé d'une aventure

Qu'on aurait dû ne pas écrire

D'une intrigue en déroulement

Depuis le début du prologue

Qui n'aura un démêlement

Peut-être heureux qu'en épilogue


Un courrier de plus

Un couplet encore

Un recours en sus

Un refrain d'accord

Face-à-face

 

Face aux nuisibles fonctionnaires

Aux rampants agents ventre-à-terre

Exécutants des basses œuvres

D'injustice en sombres manœuvres


Face aux obséquieux sous-fifres

Serviles à Monsieur le Ministre

Aux larbins de Sa Majesté

Larvée en domesticité


Face-à-face


Face aux lèche-culs des n+1

Et irrumeurs des n–1

La soldatesque au garde-à-vous

Devant leur Recteur à genoux


Face aux salopards costumés

Aux pantouflards encartablés

Vivant leur prochaine mutation

Comme une probable promotion


Face-à-face

Pile en face

Des sans-face

Je fais face


Face aux salauds de collabos

Aux ambitieux des p'tits bureaux

Se rêvant calife à la place

Du Ministre en premiers de classe


Aux dents acérées à rayer

Les longs couloirs linoléés

D' la Cité Administrative

Triste laide incarcérative


Face-à-face


Face aux rectoraux carriéristes

Aux ministériels arrivistes

Du rectorat en promotions

Au ministère en mutations


Grimpés de bureaux en étages

La rue de Quenelle en mirage

Jusqu'à leur seuil d'incompétence

Au desservice des instances


Face-à-face

Dos-à-dos

Un couteau

Dans le dos


Face à eux en fin de carrière

Surgit le principe de Peter

Devant moi la démonstration

Par l'exemple l'illustration

De sa fameuse loi empirique

D'organisations hiérarchiques

Concrètement mise en pratique

Selon laquelle « Avec le temps

Un poste tend à être occupé

Par un agent incompétent

Incapable d'en assumer

Fonctions ni responsabilités

Mais laissé seul à commander »


Fallait-il encore le prouver ?

Au M.E.N. C.Q.F.D.

Prologue

Prologue Malheureusement l’histoire contée Dans ces pages avec objectivité (Les lettres mails et propos rapportés Entre guillemets pour en ...