L'Évangéliste 128
À travailler mon Évangile
Du matin au soir délirant
Dans mes rêves je m'imagine
En Jésus face à mes tyrans
Quand je prêchais dans le désert
À un public non averti
De ma foi pour rimes et vers
Et quelque lecteur converti
Ni bon pasteur ni vrai berger
Non je ne donnais pas ma vie
Pour mes brebis mais je gérais
Au mieux (enfin à mon avis)
Je ne faisais pas de miracle :
À l'aveugle qui tire à vue
Aucun (nul besoin d'être oracle)
Ne peut lui redonner la vue
Douze disciples pour stagiaires
Je dis à l'un nommé Simon
« Tu es Pierre et sur cette pierre
Je détruirai l'Institution »
Oint par N – mon Jean le Baptiste –
Dans les froides eaux baptismales
Lémaniques j'entame triste
Et solitaire mon travail
Quelques Romaines de Déviant
Ne supportant la direction
De deux hommes non Chat-Biaisant
Nous honnissaient en délation
Dénoncé par un traître interne
À l'obscure D.S.D.E.N.
Via mon blog littéraire ils cernent
Mes activités écrivaines
D'un anonyme et calomnieux
Mail on s'offusque de propos
Pornographiques incestueux
D'une chanson mal à propos
Au souper la veille avec N
Je pris le pain et le rompis
Comme Jésus me mis en Cène
Lorsque après le vin je bénis
Et lui dis « Manges-en et bois-en
Ceci est mon corps et mon sang
Offerts pour tous N tu feras
Cela en mémoire de moi »
Convoqué sans information
Pour des écrits jugés obscènes
Deux DASEN. en indigestion
De mon jeûne font une scène
Accusé d'avoir mis mon nom
Par là sali ma hiérarchie
Non coupable leur dis « Mais non ! »
Ils me rétorquent en chœur « Messie ! »
« Revenu là depuis ailleurs
Dans un moment de pure faiblesse
J'y ai inscrit – je le confesse –
Mon adresse pour les éditeurs
Je m'en repends oui j'ai péché
De m'être localisé hier
Oui mais qui n'a jamais péché
Me jette la première pierre »
Contraint à subir leur géhenne
Tant qu'à genoux je ne supplie
Mes deux supérieurs de DASEN.
De m'offrir de rester en vie
« En atteinte à ma liberté
Votre censure est illicite
Alors ce qui doit être fait
Faîtes-le mais faîtes-le vite »
On m'arrête sans sommation
Après mon prêche à ÂneSi
Sans aucun chef d'inculpation
Autre qu'un chef qui n' m'apprécie
Par leur hiérarque soldatesque
Je me retrouve emprisonné
Sous quelque prétexte grotesque
Qu'il suffisait de raisonner
Quand pour les contrer N sortit
Son épée je lui dis « Remets
Ton épée car celui qui vit
Par l'épée périra par l'épée »
Ce judas de B me vendit
Traîtreusement en Commission
N'espérant que l'on me pendît
Haut et court pour insoumission
Déloyal traître et peu accorte
Au chant du cygne de ma crise
Menteur C en mauvais apôtre
Lui se renie à trois reprises
Ma naïveté méprisée
Par leurs hiérarques préjugés
Ma chanson ridiculisée
Lue entre les lignes est jugée
Le rectorat fieffé menteur
Étant en supériorité
Ma parole contre la leur
N'a pas valeur de vérité
Donc à quoi bon me justifier
Condamné je serai livré
Sans volonté de pacifier
Le Ministère déciderait
Mené face à l’aréopage
Sélectionné de l'assemblée
L'acte d'accusation en page
Celui de défense oublié
Ces costumés auréolés
Du titre de représentants
Du personnel sur le volet
Triés choisis sont à escient
Afin qu'en séance plénière
Leur parodique commission
À caractère disciplinaire
Semble adoubée d'une mission
Tout seul contre eux tous mais osant
Défier fièrement leur hybris
Sans contrition me refusant
À apostasier mes écrits
Dans leurs geôles ministérielles
Et les prisons du rectorat
Pécheresse tour de Babel
De langues de pute et de bois
Je suis soumis à la question
Du condamnateur directoire
De l'insidieuse Inquisition
Aux libertés attentatoire
Par les miens lâché pour l'impair
De ne pas m'être anonymé
Dénigré lynché par mes pairs
Je souffre ma passion brimée
Mis pour l'exemple au pilori
Du devoir d'exemplarité
Je suis exposé au mépris
Du huis-clos de leur comité
Sans réponse autre de ma part
À leurs fourbes insinuations
Qu'une fin de non-recevoir
Et mon silence à l'unisson
Désarmé par mon ignorance
Des commandements magnanimes
Gravés dans le marbre des stances
Des tables de la loi divine
Du Code de l’Éducation
Moi le béotien en matière
De mes droits et obligations
D'employé je n'ai qu'à me taire
« Chassés soient ces marchands du temple
De l’Éducation cette enceinte
N'accueillent que des contre-exemples
De fanatiques en guerre sainte
Car c'est la maison de mon père
Fondateur de l'école laïque
Libre et gratuite sans ministère
Ni asserviss'ment hiérarchique »
L'esprit épris de liberté
Face à ces menteurs patentés
Je n'ai soif que de vérité
À défendre l'honnêteté
« Mes poèmes caricaturés
De mes pages comme arrachés
Par vous mes vers mal césurés
Dans vos bouches comme crachés
Votre incompétence notoire
En cravate peine à cacher
L'abus à venir de pouvoir
Évident qui va tout gâcher
Pourquoi je m'anonymerais
Si pour vous ce n'est qu'hérésie ?
Non messieurs je n'abjurerai
Pas ma foi pour la Poésie
Jurés d'un procès littéraire
Vous n'êtes nullement mes pairs
Aragon Prévert Baudelaire
Rimbaud Hugo : voici mes pères »
Subissant la flagellation
Orale de leur assemblée
Je n'attends qu'une punition
Qui ne peut que leur ressembler
Accusé de crimes impies
Entachant la réputation
De votre sainte institution
Infidèle il faut que j'expie
L'issue d'un vote à mains levées
Ne fait aucun doute : souffrir
N'est pas assez Pouces baissés
Le gladiateur devra mourir
Pacifique moi qui dès que
Quand on me frappe sur la joue
Gauche je tends la droite que
Ne fais-je ? ils me mettent en joue
Condamné à la lutte à mort
Aux jeux du cirque éducatif
Quand les spectateurs sans remord
Conspuent le festin distractif
Sous les crocs des fauves affamés
Dans l'arène comme un martyr
Pour avoir osé diffamer
De force on me fera partir
Quand ils votent ma mise à mort
Innocent déjà suspendu
Ce judas de B sans remord
Ni honneur ne s'est pas pendu
Excommunié sans repentance
Comme avant Saint Jean le Baptiste
Ma tête offerte en récompense
Trophée de chasse d'un artiste
Eux sont les bons bergers du trou-
Peau et moi la brebis galeuse
Que l'on laisse en pâture au loup
Affamé par les mal-diseuses
Je suis comme Isaac offert
En sacrifice sur une pierre
Le cou tendu vers le couteau
Qui le tranchera tard ou tôt
Victime de leur holocauste
Rectoral et ministériel
Nulle grâce accordée en riposte
Ne stoppe leur main sacrificielle
Proposition pour décision
Ratifiée le surlendemain
Radiation en crucifixion
Le Ministre s'en lave les mains
Me refusant à implorer
Leur pardon miséricordieux
Je ne m'adresse inéploré
Non plus à ses saints mais à Dieu
Dans votre dérive hérétique
À mener la chasse aux sorcières
Aux poètes académiques
Vous me passez aux pieds les fers
Affublé de vos sobriquets
Vos sarcasmes en punition
Exposé à vos quolibets
Ma poésie en dérision
Travesti en roi de la rime
Couronne d'épines sur la tête
Poèmes moqués on me grime
En fantasque et naïf poète
D'articles titrés en injures
On me conspue on me flagelle
Devoirs crachés à la figure
Défouloir institutionnel
Puis on me charge d'une croix
De péchés si lourde à porter
Que tout seul jamais je ne crois
Réussir à en avorter
Dès le début de cette croi-
Sade mon chef et ami N
M'aide seul à porter ma croix
Comme fit Simon de Cyrène
Chaque nouveau courrier AR
D'obligation de mutation
De mise à disposition
Me fait poser genou à terre
Chargé du poids de votre croix
Je ploie et tombe à trois reprises
Envahi par la honte en proie
Au doute je sombre en ma crise
Vivant seul reclus enfermé
Ma mise à mort professionnelle
Près de trois années déprimé
J'expie ma faute originelle
Déraciné et sans repère
Ni envie de rien je n'ai cure
Fuyant en arrêt je me perds
Me réfugie dans l'écriture
À chaque nouvel arrêté1
De non-titularisation
De suspension d'affectation2
Ralenti mais pas arrêté
Toutes vos mises en demeure
Menaces refus de protection
D'évaluation médiation
Sont toutes à votre déshonneur
Vos arrêtés de radiation
De corps puis des cadres m'ont fait
Sous le poids morts de vos sanctions
Une troisième fois ployer
Mais mon présent n'est pas assez
Ils s'acharnent à me détruire
Une année scolaire passée
Qu'ils avaient à me reconstruire
Mis en disponibilité
D'office puis en congé sans
Traitement : un an amputé
Mais je demeure résilient
Après qu'un temps j'ai cru avoir
Gagné vous me radiez à vie
Vous me forcerez donc à boire
Le calice jusqu'à la lie
Vos silences valant refus
Proposition de démission
Sans autre réorientation
Sûrement m'approchent du but
Car chaque arrêté de sanction
Jalonnant mon chemin de croix
M'est une nouvelle station3
Renforçant ce en quoi je crois
Le Code de l’Éducation
Est pour moi table de la Loi
Dont je lis avec précision
Les décrets et alinéas
Je recherche mes arguments
Juridiques en ce catalogue
Pour contrer leurs commandements
Qui sont mon anti-Décalogue
Si je souffre en silence endure
Que je vous subis en martyr
C'est pour tout le temps que ça dure
Ne jamais devoir me dédire
Mes psychologues en tutrices
Sèchent ma sueur et mes pleurs
Pour atténuer le supplice
De mes bourreaux en supérieurs
Sous les sarcasmes et la honte
Jusqu'en haut de l'anti-gotha
De votre Ministère je monte
Mon ascension n'en finit pas
Comme Sisyphe remontant
Inlassablement son rocher
Je me déleste en racontant
Mon histoire par ricochet
Au sommet du mont du Calvaire
Lieu du Crâne je me remémore
De près de vingt ans de carrière
Que l'on s'apprête à mettre à mort
Le noir de l'écrivain en terre
Et le rouge du professeur
Deux stylos perpendiculaires
Forment la croix de mon erreur
Crucifié entre deux larrons
Coupables de pédophilie
En soudoyant un peu Charon
L’Éden des Muses m'est permis
L'un d'eux m'apostrophant s'écrit :
« Sauve-toi ! N'es-tu le Messie ?
– En vérité je vous le dis
Pour le honni nul paradis »
Maison fonctions indemnités
Je ne suis plus que spectateur
Du partage de mes effets
Personnels d'ancien directeur
Tels des charognards sur leur proie
Qui se partagent les habits
De leur victime encore en croix
Chacun y va de son avis
Pédophile ou pornographique
Tous sont critiques littéraires
Incestueuse ou érotique
La Poésie n'a qu'à se taire
Suspendu et à leur merci
À ma compagne je dis « D
Voici ton chef et N voici
Ton adjointe de fin d'année »
« Ferré Brassens Leprest Gainsbourg
Jamais ne vous ai reniés
Vian Ferrat Brel Aznavour
Pourquoi m'avoir abandonné ? »
Comme une éponge de vinaigre
Fourrée en bâillon dans ma bouche
La portée de leurs propos aigres
Sans exemplarité fait mouche
Après que de fiel abreuvé
Je dis « Maître » à mon avocat
« Afin que tout soit achevé
Je remets dans vos mains mon cas »
La carrière au bord du trépas
La conscience dans les tréfonds
Lui dis « Ne leur pardonnez pas
Car ils savent bien ce qu'ils font
Dieu que le Déluge engloutisse
Au jour du Jugement Dernier
Cette immorale lie du vice
Qui avait osé me défier
Dernier râle de direction
Les yeux plantés au firmament
D'un arrêté de radiation
J'expire professionnell'ment
Déjà voué aux gémonies
De la populaire vindicte
Parachevant mon agonie
Leur coup de lance est médiatique
Ma réputation en focale
Un écriteau dessus ma tête
Cloué dans le journal local
« P le poète de l'inceste »
Décrucifié à coup de rhum
Devant ma famille éplorée
Face à la disgrâce d'un homme
Et feue sa carrière enterrée
Remis à ma mère ils s'en prennent
Alors à ceux qui croient en moi
Mes compagne D et chef N
Sont persécutés sans émoi
D ne sera pas reconduite
Dans ses fonctions à la rentrée
Victime d'attentatoires fuites
Sur son compagnon en privé
Quand N en bon samaritain
Soutien sans faille oralement
Contre ses supérieurs hautains
Le paiera personnellement
Quand suspendu un an après
L'honneur et la réputation
Salis brisé en dépression
Il aura tout le temps d'expier
Mis au tombeau dans un placard
Scellé d'une pierre roulée
À mes demandes de rancard
D'un silence on m'envoie bouler
J'entame alors en solitaire
Comme Jésus a fait la sienne
Dans les terres palestiniennes
Une traversée du désert
Jeûnant durant quarante mois
Soumis à ses trois tentations
(Tristesse inemploi célibat)
Je succombe à la dépression
Chaque jour poésie chanson
En guise d'anti-dépresseur
Ma psychologue en confesseur
Et mon mieux-être pour rançon
À mon sort triste abandonné
Quand on refuse de m'entendre
Ignoré pendant des années
Que de fois j'ai failli me rendre
Mais toujours j'ai gardé la foi
Qu'un jour ou l'autre je gagnerai
Face aux ténèbres qui font loi
Au rectorat et revivrai
Le cœur en décomposition
Par l'écriture ressuscité
Annulant ma condamnation
Le tribunal m'a amnistié
Si en me remboursant mes frais
De défense ils pensaient alors
Que tel judas je me pendrais
Ou qu'au moins je ferais le mort
Ils ont dû être bien déçus
Que je ne baisse pas la tête
Devant leur bande de trou du
C... et qu'au contraire je m'entête
Un appel de ma radiation
Sus un recours indemnitaire
Visent à réhabilitation
Du fonctionnaire in-dignitaire
Les plaies de mes valeurs à vif
Et votre mépris en stigmate
Verbe haut et ton incisif
Réapparu à mes primates
Envers et contre tous mes droits
Le D.R.H. en missionnaire
Divin de la mauvaise foi
Me veut soumis démissionnaire
Simple doublure muet acteur
De ma carrière à forte tête
Étêtée en prédicateur
Muselé me suis fait prophète
Si pour écrire mon histoire
Je n'aurai pas besoin d'apôtre
Je vous réserve le prétoire
Pénal pour défendre la vôtre
Entendez-moi vous murmurer
« Je suis P et sur cette pierre
D'achoppement je détruirai
Votre Église de Ministère
Qu'une pluie de feu et de cendres
De condamnations et d'opprobre
Sur leur ministère descende
Comme sur Sodome et Gomorrhe
Que s'abattent les dix fléaux
De l’Égypte sur mes geôliers
Et mettent au supplice ces salauds
Qui me maintiennent prisonnier
Au bout de la onzième année
Je vous jure que ressuscité
Je reviendrai vous condamner
Et en ferai publicité
De l'innocent que l'on mit à
Mort ou de ses bourreaux ingrats
Qui d'eux l'Histoire amnistiera
Mon lectorat vous jugera
Si le Clergé a ses curés
Pédophiles le Ministère
A lui ses agents harcelés
Le sait et fait tout pour le taire
Fallait-il qu'il soit crucifié
Celui qu'on ne sut pacifier
L'enseignement n'est pas en fête
Quand on fait d'un prof un prophète
Si dans ce drame le Recteur
Tient le rôle de l'inquisiteur
Vous réservez las au Ministre
Celui peu envieux d'antéchrist »
Mes écrits évangélistiques
Ne sont paroles d'évangile
Que pour un an-académique
Psychologiquement fragile
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