L'âme suicidaire

 

Madame la ministre

Je viens vous annoncer

Une nouvelle triste :

J' me suis pas suicidé*

Vous avez bien triché

Menti volé n' m'avez

Bien sûr pas protégé

De qui me harcelaient

Dénoncé accusé

Délaissé tri radié

Isolé menacé

Déprimé déprécié

Toute la panoplie

Ça ne fait pas un pli

Vous avez c'est sûr fait

Tout pour m'y inciter

Sans suivi médical

Ni psychologique

C'était pourtant fatal

Que j'en vienne au tragique

Mes enfants ma chérie

Ma famill' mes amis

Qu'est-c' qui m'a retenu

Lorsque j'étais à nu ?

Je dois vous décevoir

D'encore en vie me voir

Se jeter sur les rails

D'un immeuble ou d'un pont

C'est pourtant ce que font

Tous les gens qui déraillent

C'est pas bien compliqué

Il suffit d'abdiquer

Mettre fin à ses jours

C'est pas que je sois contre

M'enfin pas non plus pour

Couard je joue la montre

C'est pourtant pas par peur

D' gonfler les statistiques

Du MEN. car – sauf erreur –

Y en a pas c'est pratique

Aucun carrièricide

D'harceleurs supérieurs

Conduisant au suicide

D'harcelés inférieurs

Vous qui m'avez pourtant

Harcelé tout ce temps

Pas titularisé

Ni réorienté

Mes courriers ignorés

Dénigré blacklisté

Interdit de bosser

En public et privé

Plus payé des années

Pas même indemnisé

En vérité je n'ai

Rien à vous reprocher

Après – à mon avis –

Tant d'abus de pouvoir

Nul n'aurait pu prévoir

Que j' sois encore en vie

Chômeur et dépressif

Fauché tout seul oisif

Mais c'est quoi mon problème ?

Pourtant pas que je m'aime

Si vous saviez comm' j'ai

Hont' de ma lâcheté

Un' poignée de cachets

C'est si vite avalé

Un accident d' la route

S'immoler une fois

Devant le rectorat

C'est pas si dur sans doute

J'y ai pensé cent fois

Mais ne l'ai pas tenté

Il faut croir' que j'ai pas

La forc' d'un suicidé

C'est pourtant pas – ma foi –

Pour caus' spirituelle

Agnostique je ne crois

Pas au péché mortel

En tant que fonctionnaire

Tri-radié mal notoire

Qui a vécu l'enfer

Ne crains le purgatoire

Vous vous êtes acharné

Vraiment m'avez tout fait

Expulsé ignoré

Exclus de son service

Disponibilisé

Même deux fois d'office

Indûment imposé

Défonctionnarisé

Décisions de justice

Jamais exécutées

Non madame la ministre

Rien n' me fut épargné

Sans maison boulot vie

Sans collègue ni envie

Comment diable ! Ai-je fait

Pour tout ça endurer

Sans fonction ni salaire

Comment pas s' foutre en l'air ?

Décevant j'ai failli

À m'enlever la vie

C'est pas bien compliqué

Pourtant de s' supprimer

Un coup de revolver

Une corde une over-

Dos' se défenestrer

Ou s' faire hara-kiri

Vit' fait bien fait fini !

Se faire sauter le crâne

On n'en fait pas un drame

Quand on est fonctionnaire

J'ai pas l'âme suicidaire

C'est peut-être alors pour

Sans ce sacrifice

Vous voir à votre tour

Déferrée en justice

Que madam' la ministre

Sans même m'excuser

D'être en vie c'est bien triste

Je viens vous accuser

* parlé

Fiasco

 

Errata de la direction

Faute de l'administration

Acharnement d' l'encadrement

Errements de vos dirigeants

Récurrent's erreurs de recteurs

Mépris' flagrante d'inspecteurs

Vous avez fait un gros bide

Débiles

Vous êtes pris une gamelle

Les brèles

Quand une attaque a été vaine

On se replie tous en défense

Quand la stratégie est mauvaise

On ne s'obstine pas on en change

À l'origine de ce fiasco

I.A. DASEN. recteur and co

Tous responsables

Aucun coupable

Ne passe à table

N'en est comptable

Aberrations d' la direction

Avortement de l'inspection

Défaite de votre stratégie

Revers de votre gabegie

Ratage de vos stratégies

Et gabegie des D.A.J.

Vous traînez des casseroles

Les connes

Et vous avez bu la tasse

Pétasses

Si la vengeance est personnelle

Qu' l'erreur est individuelle

Et l'acharnement collectif

Les harceleurs sont tous fautifs

À la poursuit' de ce fiasco

S.G.A. D.R.H. and co

Tous responsables

Aucun coupable

Ne passe à table

N'en est comptable

Échec de votre encadrement

Déroute des incompétents

Irréussit' de vos actions

Faillite de votre inaction

Déconvenue de supérieurs

Direct's erreurs de directeurs

Vous avez bu le bouillon

Couillons

Et avez fini bredouille

Mes couilles

On ne change pas une équipe

Qui gagne mais tout l'effectif

Qui perd dans un sport collectif

On perd et on gagne en équipe

Au non règlement du fiasco

D.A.F. D.A.J. and co

Tous responsables

Aucun coupable

Ne passe à table

N'en est comptable

666

Non le diable n'a pas de longue queue fourchue

Un corps couvert d'écailles et des pattes griffues

Un trident en main et deux cornes sur la tête

Mais un tampon et une fonction en en-tête

Le diable ne se cache pas dans que dans les détails

Mais il s'immisce sournoisement dans les failles

Et se tapit dans le tréfonds de l'âme humaine

De supérieurs frustrés omnipotents du MEN.

Six cent soixante-six

Nombre de l'antéchrist

À toi l'Iblis

Mû par l’hubris

Toi mon Satan

Depuis onze ans

Le diable ne vit pas dans l'antre des enfers

Dans un sombre royaume au centre de la terre

Où les âmes damnées errent pour l'éternité

Mais sévit dans un bureau en impunité

Le diable n'est pas l'ange déchu du paradis

Qui commettrait les crimes les actes interdits

Et les péchés mortels les plus impardonnables

Mais un agent hautain à l'orgueil condamnable

Six cent soixant'-sixième

Articl' chant ou poème

À l'Azazel

Ministériel

Le diabolique

Académique

Le diable ne soumet pas l'âme à la géhenne

Rôtisseur des pécheurs dépravés criminels

Des hommes mauvais livrés au feu éternel

Mais il signe des arrêtés rue de grenelle

Non le diable fait homme n'est pas le tentateur

Des faibles âmes des fidèles le séducteur

Dépravateur de vies vautrées dans le péché

Mais le scribe d'écrits torves et mensongers

Six cent soixante-six

Nombre de l'antéchrist

Au Lucifer

Du ministère

Toi le Malin

Qui ne l'est point

Le Diable n'est pas le tourmenteur du grand livre

À qui au jour du jugement dernier on livre

Les pécheurs au bûcher des flammes du brasier

Mais un agent lambda signant sans sourciller

Non le diable n'est pas la Bête ou l'antéchrist

Associé au nombre six cent soixante-six

Du serpent ou du dragon dans l'Apocalypse

Mais un tampon « par délégation du ministre »

Six cent soixant'-sixième

Articl' chant ou poème

À l'antéchrist

De la rectrice

Maudit succube

Qui nous entube

Et si je suis le diable chef des anges déchus

Chassés du paradis par le dieu créateur

Injustement radiés par l'odieux supérieur

Ce statut non voulu par vous il m'est échu

L'enfer n'est pas pavé de bonnes intentions

Donc le diable n'est pas un' mauvaise invention

Si le père est injuste la révolte du fils

Est juste même s'il est recteur ou ministre

Six cent soixante-six

Nombre de l'antéchrist

Vous les démons

Qui êt's si cons

à toi serpent

à toi dragon

Le rectoral

Génie du mal

Pour vous je me ferais adept' du satanisme

De sorcellerie et de messes d'exorcisme

Si ça pouvait aider à vous désenvoûter

Et conjurer le mal en vous sans en douter

Sachez que je n' vous offrirai jamais mon âme

Que je ne signerai nul pacte avec le diable

Hormis contre une rupture conventionnelle

Indemnisée au max en divorce éternel

Six cent soixant'-sixième

Articl' chant ou poème

Que je dédis

Avec mépris

À Bélzébuth

Contr' qui je lutte

Bouc émissaire

Émissair' de

Leurs infractions

Commissair' de

Leurs mésactions

En contempteur

De leurs méfaits

Inquisiteur

De leurs pêchés

Je ne s'rai pas

Bouc émissaire

Du ministère

Souffre-douleur

Des supérieurs

Du rectorat

Les condamn'rai

Pour tous leurs torts

Par un arrêt

De cour d'accord

En procureur

De leurs délits

Dénonciateur

De leur déni

Accusateur

De leurs bavures

Condamnateur

D' leurs forfaitures

Je refus' d'être

Leur têt' de Turc

Leur chos' leur truc

Victim' malgré

Moi du bon gré

De mauvais maîtres

Battrai leur coulpe

À coups de trique

Sur leur nue croupe

En plac' publique

Bouquet misère

De fleurs fanées

Au cimetière

De mes années

Mort's à attendre

Et espérer

Le Droit à rendre

Par un arrêt

Lanceur d'alerte

Dans les médias

Pour mes collègues

En plein mal-être

Je suis le doigt

Pointé en legs

Pour que l'on sache

Ce qu'ils nous font

Les vies qu'ils gâchent

Et nous défont