Carte postale (2/2)

Si ta raclette et tes crozets

Ta fondue ton âpre vin blanc

Tes hauts sommets tes beaux chalets

Mes randonnées et ton Léman

M'ont fait un temps te regretter

Je conserve toujours depuis

Les poils hérissés sur le torse

Quand je croise une voiture im-

Matriculée soixante-quatorze

Grosse neuve chère et reluie

L'esprit en vacances d'été

Sans autoroute ni chemin d' fer

Des gens sans supériorité

Sport d'hiver ni vache laitière

M'ont accepté et invité

Pour tout cela

Pardon à toi

Merci à toi

Et merde à toi

Haute-Savoie

Sans nostalgie parfois repense

À tes grands domaines à skier

Tes Opinels ton Abondance

Tes salaires transfrontaliers

Et ton helvétique opulence

Reprends ta foutue tartiflette

Tes stations de ski hivernales

Tes week-ends aux faux airs de fêtes

Je te retourne la carte postale

Qui n'était pas pour moi en fait

Mon cœur est rené au printemps

En rencontrant mon âme sœur

Qui me fit oublier à temps

Tous mes déboires et ma rancœur

Et revivre – il était grand temps

Pour tout cela

Pardon à toi

Merci à toi

Et merde à toi

Haute-Savoie

Écriture (2)

En réfugié de moi

Seul à San Montana

(S.M. pour initiales

Il n'y a pas de mal

À se faire du mal)

J'écris sans voir le jour

Douze à quinze heures jour

Vis par procuration

À travers mes chansons

Assis sur mon prie-dieu

En seul maître des lieux

Reprends mon évangile

Comme un scribe servile

Obsessionnellement

Comme mon testament

Littéraire sans fin

Et me fais le serment

De l'achever enfin

D'ici la fin de l'an

Coïncidence (16)

Sans nouvelle de ma hiérarchie

Depuis cinq mois je suis surpris

De me voir d’un coup affecté

À peine quarante-huit heures après

(Le lendemain week-end déduit)

D'un article en diffamation

L’affectation serait sanction ?

La coïncidence pose question

Ou est-ce la « notification »

Attendue de l'Institution

Que m'envoie enfin monsieur My

Après quatre mois et demi ?

Après l'interdiction

Place à l'obligation

Affectation (5)

02 mars 2015, 8h36, M. My par mail :

Lundi matin huit heures trente-six

Du S.G.A. pour le recteur :

Affectation à ChamOhNiqueS...

À cent kilomètres et quatre heures

Aller-retour (sans les rigueurs

De l’hiver) de mon logement

Officiel en remplacement

Pour deux semaines seulement

À l’autre bout du département

Je dois me faire mettre urgemment

En arrêt temporairement

Carte postale (1/2)

En Ch'ti qu'ici on n'aime pas

Si je n'ai jamais espéré

Être de là moi qui n'ai pas

Trois générations enterrées

Dans ton cimetière ici-bas

Et si Déviant n'est pas bien sûr

Comme Valenciennes ou Douai

Qu' les gens y ont de la culture

Moi qui n' suis pas assez doué

Je retourne à mon écriture

En ma saison froide en automne

Sur tes rivages lémaniques

J'ai rencontré des autochtones

Si accueillants et sympathiques

Qu'en tes terres austères ils détonnent

Pour tout cela

Pardon à toi

Merci à toi

Et merde à toi

Haute-Savoie

Si je préfère la couture

Des vieux vêtements effilés

À ta pédante haute-couture

Qui s'exhibe dans les défilés

Le petit doigt sur la couture

Quand tes habitants – sans rancœur

M'ont détaillé de haut en bas

En réprimant un haut-le-cœur

C'était de haut ou par en-bas

Jamais en face ni droit au cœur

Au printemps le cœur en hiver

J'ai mis cap au sud vers l'Ardèche

Pour essayer de me refaire

Où les gens même dans la dèche

Du peu qu'ils possèdent sont fiers

Pour tout cela

Pardon à toi

Merci à toi

Et merde à toi

Haute-Savoie

Mensonges (2)

L'agent stagiaire

« Faisait l'affaire »

Pas les affaires

Sales en inter

Par la critique

De votre clique

Incompétente

Et hiérarchique

Que l'on ne mente

C'est ça le hic

Vice de forme (8)

Article 26(1) : Les fonctionnaires sont tenus au secret professionnel […] Les fonctionnaires doivent faire preuve de discrétion professionnelle pour tous les faits, informations ou documents, dont ils ont connaissance dans l’exercice ou à l’occasion de l’exercice de leurs fonctions. »

Anonyme diffamation

Et mensongère information

Par voie de presse délation

D’un membre du corps d’inspection

Dans l’exercice de ses fonctions

En totale violation

De son devoir de discrétion

Sans compter le dénigrement

Du « simple » métier d’enseignant

Qu'apprécieront à juste titre

Les valets de votre ministre

Diffamation (3)

28 février 2015 :

Un article du Dauphinois

Gratiné nous égratigna

« Suite à récente suspension

Du principal due aux tensions

Un nouveau a pris ses fonctions

« Pour un temps de respiration

Et garantir le fonctionn'ment

Harmonieux de l'établiss'ment »

Commente fort pudiquement

– Mais surtout anonymement –

L'Inspection ce remplacement

« Deuxième mutation

Dans cette direction :

L'an dernier début juin

Le principal-adjoint

A été lui aussi

Poussé vers la sortie

« Cas très particulier

De cet agent stagiaire

Ne faisant pas l’affaire

Qui fut réintégré

Dans d'anciennes fonctions

De simple professeur »

Nous dit un inspecteur

De l'administration »

L'article de presse s'achève

Sur l'adjectif « incestueux »

D'un prof ni d'un parent d'élève

L'information provenait d'eux

D'un DASEN. ou d'un S.G.A.

Seuls au courant au rectorat

Droit de réponse

dès le 25 février 2015 :

Ces extraits non choisis d'articles d'une page

Facebook créée le soir par des parents d'élèves

Contrebalancent l'avis de l'aréopage

Et le problème de la vengeance soulèvent

« Pourquoi publier un article sale

À charge dans la presse régionale ? »

« Liberté de la presse destructive »

« Halte aux calomnies et aux invectives ! »

« Si pour une fois les profs ont suivi

Les consignes données par l’Inspection

Pas de commentaires sur la suspension »

« Très brève présentation Pas de bruit

Pas de vague le silence seulement »

« Sujet tabou non clair sans argument

Plausible Qu’en dites-vous ? Faites du bruit ! »

Une page Facebook

Pour exprimer ses doutes

« Les fonctionnaires pantouflards ont gagné ! »

« Nombreux sont ceux qui ne l’ont supporté

Face à l’incompréhension générale »

« Choqué écœuré de l'acharnement

Contre lui » « L’Éducation Nationale

Est une grosse machine intouchable »

« Le profil idéal d’un Principal

S'entend pour les professeurs les parents

Ou les élèves ? Qui veut le changement ?

Qui est prêt à changer ? les enseignants ?

La hiérarchie ? Dure est la résistance »

« Management sauvage des instances »

Droit de réponse mais

Devoir de questionner

« Nous avons besoin de gens comme vous

Monsieur L nous sommes tous avec vous ! »

« Sans peur des représailles exprimez-vous ! »

« Ne baissez pas les bras » « Il avait tout

Mis en œuvre pour faire évoluer

Le collège et surtout le redresser »

« Pas de présentation du remplaçant

Les élèves sont priés de changer

De sujet sans répondre à leurs questions

Sans un argument Belle éducation !

Un bel exemple pour tous nos enfants »

« Les enfants l’apprécient énormément »

Mensonges d'enseignants

Vérité des enfants

« Ce profil fait à tort – et sans me taire –

Ne correspond en rien à l’homme connu

Des parents et collègues » « Je continue

Simplement de faire ce que j’ai à faire »

« Mettre un coup de pied dans la fourmilière »

« Générosité extraordinaire »

« Une ouverture d’esprit magnifique

Envers et contre toutes les iniques

Institutionnelles peurs et rancœurs »

« Contre les informations complotées

Et abusives d’une minorité

Je vous soutiens monsieur le Directeur »

Droits de l'Institution

Devoir d'explications

Faisant-fonction (2)

25 février 2015, 8h : collège Les Dérives du Dément

Le lendemain matin monsieur B

Vient présenter lui-même en A.G.

Sans donner aucune explication

Quant aux raisons de son éviction

À tous les agents le remplaçant

De N à compter de maintenant

Miraculeusement débauché

D'un jour à l'autre et au pied levé

Cette réactivité surprend

Un peu lorsque comme N on s'entend

Dire « décision à contretemps »

Le rectorat pris au dépourvu

Semble pourtant avoir tout prévu

Décision

25 février 2015, mi-nuit :

Le soir c'est dans les ti punch

Que mon moral à moi plonge

Percevant le S.O.S.

De leur signaux de détresse

Sans bouée de sauvetage

En constatant le naufrage

Écoutant désespérés

Mon frère récemment quitté

Seul malheureux éploré

Trois enfants abandonnés

N qui allait se noyer

Dans le verre d'eau-de-vie

Qu'il boirait jusqu'à la lie

Sachant qu'il endurerait

Ce dont je me remettais

À peine et fragilement

Trop psychologiquement

Faible pour revivre par

Procuration sans espoir

Un semblable acharnement

J'ai là pris inconsciemment

(Je l'écris très clairvoyant

Mais rétroactivement)

La très lâche décision

De tout quitter (la région

Quelques amis que j'avais

Mes repères la maison

Et l'amour qui hébergeaient)

Mon esprit en dépression

Pour aller me réfugier

Dans la villa parentale

D'HardDèche méridionale

Deux semaines de vacances

Et mes enfants en confiance

Partir sans me retourner

Pour ne plus jamais rentrer

Tentation

24 février 2015, 14h30, au téléphone :

Juste en sortant du bureau

Où officie son bourreau

Au volant de son auto

Au moment de démarrer

Au téléphone à l'arrêt

N est à s'interroger

Droite ou gauche ? idem au fond

Face au lac tout droit à fond

Perdu en indécision

La voiture d'ex-fonctions

Résiste à la tentation

D'immerger dans les tréfonds

Un esprit en submersion

Noyé de dévastation

Désir d'autodestruction

Au bal des hypocrites

Ce soir comme à l’accoutumée

Le Monsieur le mieux cravaté

En conviant la plus costumée

De ces menteuses patentées

Ouvre l’annuelle sauterie

Privée juste entre gens bien-nés

Réputés pour leur fourberie

Et leur fat entregent inné

Au bal des hypocrites

Quand l’un délateur insidieux

Depuis qu’il a vendu sa mère

Offusqué jure ses grands dieux

Sur la vie de feue sa grand-mère

L’autre jauge au premier regard

Aux atours la féminité

Se déjugeant sans crier gare

Au gré de sa félinité

Au bal des hypocrites

L’Adjoint hautain à l’air chafouin

En de si flatteuses courbettes

Rétorque d’un sourire en coin

Et son épouse d’un rire bête

À son Directeur coutumier

De vils mensonges éhontés

Qui fleurissent sur le fumier

De notre Bonne Société

Au bal des hypocrites

Ici la sainte-nitoucherie

De l’une s’accorde à merveille

À la pudibondieuserie

De l’autre miellée machiavel

L’un d’un pas leste artificieux

Tourne sa valse comme sa veste

Considérant archi-vicieux

L’autre à l’opportunisme preste

Au bal des hypocrites

Là un sous-rire mal biaisé

Répond à la fat fourberie

D’escarpins à un grimacier

Rictus à la sournoiserie

Dont l’extrême déloyauté

Derrière ce visage amène

N’a d’égal que la fausseté

De cette comédie inhumaine

Au bal des hypocrites

L’affable félon courtisan

Dans une révérence altière

Contenant son renfrognement

Marque son respect insincère

À l’opportuniste détesté

Dont la cautèle malhabile

Et la dédaigneuse fierté

Font la loyauté versatile

Au bal des hypocrites

Mais que l’un vienne à déroger

Aux non-règles instituées

De strict respect du plus gradé

Et la bien-pensante assemblée

Viendra lui rappeler d’emblée

La bienséante nécessité

De cette forme d’autorité

Qui fait les moutons bien gardés

Au bal des hypocrites

Suspension (5)

24 février 2015, 14h, D.S.D.E.N. d'ÂneSi :

Ne sachant pourquoi il s'y rend

N y va seul imprudemment

Convoqué en fait pour signer

Ce jour N se voit notifié

Son arrêté de suspension

Sans aucune justification

« Une décision prise à contretemps

Par le Ministère qui nous surprend » 

Hypocrite mystification

Lâche tentative de diversion

Et déresponsabilisation

De cette hiérarchique décision

Convocation (3)

23 février 2015, par téléphone :

Convocation disciplinaire

Sans motif en préliminaire

De courrier en recommandée

Ni remis en main propre (c’est

Ici pratique coutumière)

N appelé est convoqué

En urgence le lendemain

À ÂneSi pour entretien

Mais pour mieux le cueillir à froid

Bien que demandé plusieurs fois

On ne lui répond pas pourquoi

On l'avertit au moins qu'il peut

Se faire assister s'il le veut

De la personne de son choix

(Depuis neuf mois il y a un mieux)

Suspension (4)

20 février 2015, arrêté :

« Au vu des dysfonctionnements

Ainsi que la dégradation

Du climat dans l’établiss'ment

N personnel de direction

Est suspendu de ses fonctions

À titre conservatoire et

Provisoire et ce à compter

Du jour auquel est notifié

Cet arrêté de suspension »

Plus de quarante jours après

Preuve qu'il n'y a pas danger

Ou bien le temps de recruter

Une doublure improvisée

Cancer Généralisé du Travail

Tous les jours

Tout le temps

Y penser

Ressasser

Nuit et jour

Chaque instant

Travaillé

Tenaillé

Quand je veille

Que je dors

Seriner

Ruminer

Dès l' réveil

– Et encore –

Possédé

Obsédé

Propriétaire en viager

Aucun avenir entrevu

Projet futur envisagé

Mon temps est comme suspendu

À distance

En misère

Affligé

Assiégé

En présence

En colère

Tiraillé

Taraudé

Au parloir

Avec N

Agité

Tourmenté

En vouloir

Avec haine

Angoissé

Cad'nassé

Après une dernière crise

De confiance à me questionner

S'il ne me faut pas lâcher prise

Abandonner démissionner

Même la nuit

Dans mes rêves

Accablé

Harcelé

Nul oubli

Nulle trêve

En rêver

Cauch'marder

Sans présent

Ni av'nir

Torturé

Emmuré

À présent

Que dev'nir

Dépité

Cogiter

Maladie dégénérative

De mon cerveau métastasé

Nulle thérapie curative

Au cancer généralisé