Pré-rentrée

31 août 2023 :


Une fois n'est pas coutume

J'effectue ma rentrée

Sans chemise ni costume

Prof de maths sans apprêt

Seule nouvelle arrivée

Dans l'équipe cette année

Un ami de vingt ans

Qui en plus m'y attend


Par le Pro' recruté

Payé par un lycée

Privé non imposé

Mes enfants restent boursiers

Contrat de droit local

Sécurité sociale

Payée cotisation

À retraite en option


Deux mille quatre cent net

Par mois c'est plus qu'honnête

Surtout dans un pays

Où le coût de la vie

Est presque deux fois moindre

Par rapport à la France

Non pas de quoi me plaindre

J'ai conscience de ma chance


Prof de lycée unique-

Ment en mathématiques

Répétiteur du CNED.

Sans correction ça aide

En sus peu de travail

Connaissant les programmes

Par chœur des trois niveaux

Cours exemples et exos


Trois niveaux et six groupes

D' seconde à terminale

Vingt élèves au total

Pour la revue des troupes

Six élèves par cours

Maxi c'est presque court

Des cours particuliers

En classe entière le pied !


Aucune pression ni

Responsabilité

Totale liberté

Question pédagogie

Une structure familiale

Des ados sympathiques

Un retour idéal

Vers le pédagogique


Un emploi du temps fixe

De vingt-et-une heures par

Semaine en classe au CIFS.

En week-end jeudi soir

Ça me laisse le loisir

D' visiter le pays

De marcher et d'écrire

À l'envi : mes envies

Va-t'en

 30 août 2023 :


Mon coffre chargé

Je prends soulagé

La route en solo

Pour Sarajevo

Pour recommencer

D' vivre à l'étranger

En laissant tout ça

Loin derrière moi

Mais nul doute que ça

Me rattrapera


De vélo de moto d'auto

Et de lit superposé même

D'une longue série d'accidents

J'étais toujours sorti indemne

Avec la chance du débutant

Qui ferait gagner au Loto


Alors je me suis dit que si

Je ne mourrais pas du danger

Ma bonne étoile me protégeait

Et la Mort dépitée m'a dit

« Va-t'en voir ailleurs si j'y suis ! »


Me séparant j'avais perdu

Ma femme et mes enfants d'un coup

Puis mon boulot et mon log'ment

Quand je m' suis retrouvé à nu

Déprimé sans foyer ni sou

Sans amour dans mes errements


Me demandant alors comment

J'avais pu en arriver là

Restant toujours debout et moi

Lassée la Dépression m'a dit

« Va-t'en voir ailleurs si j'y suis ! »


Après neuf ans d' captivité

Otage de ma situation

À me battre sans plus rien comprendre

Seul contre l'Administration

Mourant à petit feu d'attendre

Qu'un jour ce soit enfin réglé


Dans un réflexe de survie

Postulant au dernier moment

Sur un emploi encor vacant

Salvateur mon Destin m'a dit

« Va-t'en voir ailleurs si j'y suis ! »


Et je suis allé voir ailleurs

Si j'y étais pas et d'ailleurs

Maintenant que je suis là-bas

Je suis ici comme chez moi

Et je peux voir qu'enfin d'ici

C'est de loin que tout ça je suis

Haute-Savoie

 

Revenu sur tes terres

Où j'avais tant souffert

Au gré d'un gardiennage

Neuf ans de plus en âge

J'ai retrouvé heureux

Tes lacs majestueux

Tes vaches à ruminer

Paisiblement au pré

Tes spots photogéniques

Paysages magnifiques

Tes sentes forestières

Et balisés P.R.


Haute-Savoie tu m'as

En randonnant en toi

Ravivé mon émoi


Ces dix jours de vacances

Au gré de mes errances

J'ai senti ta nature

Qui jusqu'en moi perdure

Tes collines herbeuses

Tes forêts sapineuses

Mes ballades champêtres

Entre tes pins et hêtres

Tes montagnes tes vals

Ta fraîcheur estivale

Ton crémeux Reblochon

Ton fuité Entremont


Haute-Savoie tu n'es

En ces lieux condamnée

Qu' par ceux qui y sont nés


Pour me faire oublier

Tous ces fous à lier

Qui avaient tant détruit

Tout ce que j'étais depuis

Tes beaux chalets en bois

Tes patous qui aboient

Tes cols

Ton air pur vivifiant

Tes prairies verdoyantes

Tes formes ondoyantes

Ton Abondance fondant

Ton Beaufort enivrant


Haute-Savoie je ne

Ressens plus ni haine

Ni colère envers eux


Avant de repartir

Ailleurs me reconstruire

Loin du cœur loin des yeux

Je te fais mes adieux

Tes tommes affinées

Tes décors à filmer

Ta fondue savoyarde

Bergeries campagnardes

Tes laitières à l'estive

Tes fruitières festives

Quand sonnent les matines

De tes douces clarines


Maintenant je sais bien

Qu' tes seuls crétins alpins

N'étaient lors qu'ânésiens

L' DASEN et son adjoint


Haute-Savoie

Pardonne-moi

D'avoir ma foi

Douté de toi


Congé sans traitement (6)

 

02 août 2023 : lettre par mail à M. L


Après deux lettres en deux semaines

Si je me donne enfin la peine

De répondre à l'obligation

Qui m'est faite sept ans après

De me rendre à convocation

Impérative et sans délai

De me soumettre à un troisième

Examen fait par un troisième

Docteur-expert d'une troisième

Ville sise dans un troisième

Département pour statuer

Sur ma situation ancienne

Une lettre de quatre pages

Claire cinglante mais sans rage

Fera passer au C.M.D.

Au moins l'envie d' me harceler


Réorientation (11)

 22 juillet 2023 :


Déprimé de devoir

Recommencer au noir

Une nouvelle année

De cours particuliers

Contraint à enseigner

Pour un maigre denier

Et sans fiche de paie

Postulant au dernier

Moment suis recruté

Par le lycée français

De Sarajevo in

Bosnie-Herzégovine

Pour enseigner les maths

Et préparer au bac

Aux niveaux du lycée

En seconde S.N.T.

Terminale et première

En maths complémentaires

Spécialité expert

Contrat local payé

Deux mille quatre cent

Euros net pour deux ans

C'est signé ! Je m'en vais !


Le mouton noir


Si dans tous les troupeaux d'ovins

Les moutons blancs majoritaires

Contrastent avec tous leurs voisins

Les moutons noirs minoritaires


Dans le troupeau bêlant du MEN.

Le manque d'uniformité

Et différence sont une gêne

Presque un signe d'infirmité


Chez les moutons la couleur blanche

Est juste un gène dominant

Pas une forme d'albinisme

La part de noirceur des oies blanches

Sans gêne au MEN. pour l'encadrant

Est marque de sécessionnisme


La pécuaire diversité

Et la richesse des couleurs

Du noir sur le blanc contrastées

Fait le bonheur de tout laineur


Placardisée dans son enclos

La tête de nègre isolée

Devient bouc émissaire clos

Derrière des fils barbelés


Pas d'ovine ostracisation

L'acceptation des différences

Chez l'animal est une chance

Mais au MEN. la ségrégation

Poussée par un instinct grégaire

Mène aux moutons noirs une guerre


Dans un troupeau comme un damier

L'altérité est harmonieuse

Heureuse est la diversité

La variété avantageuse


Vous la voyez comme une gêne

Presque une dégénérescence

Pour tondre sur le dos la laine

Aux moutons de Panurge engeance !


Noirs ou blancs à égalité

Jamais un gène récessif

Dans la nature n'est régressif

Mais comme on peut le constater

Chez nos supérieurs l'ostracisme

A conduit – las – au crétinisme


Si l' con berger – celui qui mène

Son troupeau juste à l'abattoir –

Savait qu' dans la vie comme au MEN.

Personne n'est tout blanc ou tout noir


Que seulement il laissait faire

La nature qui fait bien les choses

En introduisant une dose

De métissage salutaire


La D.R.H. – méchant patou

Qui ne protège que lui-même –

Au lieu de voir le mal partout

Aurait depuis compris qu'au MEN.

Je suis le mouton a cinq pattes

Qui ne crains le loup des Carpates

Du nouveau (3)

 

20 juillet 2023 : remplacement de Pap Ndiaye par Gabriel Attal


Quatorze mois après sa nomination

L'un est contraint à rendre sa démission

Quand son remplaçant est déjà en fonction

Cinquième ministre de l'éducation

À se succéder depuis mon éviction

Qui sait celui de ma réintégration ?

Appel (6)

 

14 juillet 2023 :


Non le Quatorze Juillet

N'est pas une journée fériée

À la C.A.A.*

Avant la fin du délai

Deux appels interjetés

Par mon avocat

De quoi vous gâcher les rances

Vos premiers jours de vacances

Et dans tous les cas

Jusqu'en fin de procédure

On s' dit « À la revoyure 

Dans quatorze mois ! »


L'armée de l'ombre (2/2)

  

Médailles au plastron

Ils aboient des ordres

Que l'on n'entend plus

Au fracas du front

Du bruyant désordre

D' leurs cass'roles au cul


Moi et l'énergie

Du désespoir qui

Décuple mes forces

Avec la furie

Au feu de celui

Que plus rien ne force


Je les défierai

Bouclier et glaive

En mains en duel

Qu'ils soient assurés

Qu'à moins que j'en crève

Je serai cruel


Blessé dangereux

Qui a tout perdu

N'a plus rien à perdre

Dans un cri heureux

Leur lancerai « Du-

Cons ! Je vous emmerde ! »


Quand désarçonnés

Déstabilisés

Ils tombent de haut

Caparaçonné

Basé sur mes pieds

Je suis à niveau


Corps-à-corps au sol

Dans la boue immonde

Il faut se salir

Les mains ça vous colle

À la peau la honte

Faut s'en départir


Délation mensonges

Pour insoumission

Vautré dans leur fange

Depuis des ans songe

Que l'humiliation

Moi je m'en arrange


Désarmé même en

Infériorité

Tout seul à mains nues

Furieux me battant

Comme un chien jamais

N' m'avouerai vaincu


Je vous combattrai

Jusqu'à reddition

Et sans condition

Ne m'arrêterai

Avant décision

De condamnation


Vaincus ventre à terre

Implorant « De grâce !

Laissez donc la vie

Sauve aux pauvres hères

Immolons la garce

En contrepartie


Et son D.R.H.

Infâme Oublions

Ces manants minables

Enterrons la hache

De guerre et signons

Une paix durable »


Quand vous supplierez

Priant à genoux

Armes à mes pieds

Je me souviendrai

N'avoir envers vous

...Aucune pitié



Remboursement (14)

 

10 juillet 2023, virement bancaire de 8141,41€


Deux mois après le jugement

Du T.A. m'est remboursée la

Somme exacte et sans aléa

De sept mil cinq cent euros en

Réparation des préjudices

Subis et des frais de justice

Sus intérêt au taux légal

Du trois janvier deux mille vingt

Soit huit mille cent quarante-et-un

Euros comme acompte c'est pas mal !

Recrutement (2/2)


05 juillet 2023 :


À l'issue du recrutement

Trois mille cent postes vacants

Un quart en maths et en physique

Soixante pour cent en allemand

Trente en lycée pro et soixante-

Dix pour cent en lettres classiques

« amélioration générale

De la situation » pas mal !

Selon les dires ministériels

Le problème conjoncturel

Est depuis longtemps structurel

Prologue

Prologue Malheureusement l’histoire contée Dans ces pages avec objectivité (Les lettres mails et propos rapportés Entre guillemets pour en ...