28 mai 2014, avis de réception contresigné
Une semaine de retard
Dans la transmission du dossier
De non-titularisation
Avec l'avis de réception
Contresigné à renvoyer
Pour le vingt-trois mai au plus tard
Par lui suspendu sans retard
Mon cas mérite-t-il par hasard
Un long délai de réflexion ?
Il est plus urgent de détruire
Que de penser à reconstruire
28 mai 2014, lettre RAR :
« Monsieur My pour le recteur
À monsieur le procureur
de la République de
TonNom (Haut-Savoir) Monsieur
J'ai été destinataire
D'un mail disant qu'un stagiaire
[Mon nom] publie sur son site
Des poèmes à caractère
Sexuel dont l'un serait
Dans son thème incestueux
Légal'ment délictueux
Et pénal'ment illicite
Monsieur je vous remercie
De bien vouloir m'indiquer
En supérieur de l'agent
La suite que vous comptez
Réserver au traitement
Des incriminés écrits »
27 mai 2014, 20h45 :
Le soir ma mère est informée
Par téléphone de la nouvelle
Moi ravagé elle alarmée
Plus tard mon père me rappelle
Et son conseil d'un doute m'ôte
« Tu n'as rien à te reprocher ?
Alors garde la tête haute
Et puis bas-toi jusqu'à gagner ! »
Entendu
Sans méfiance
Suspendu
En urgence
Accusé
Pédophile
Qui plus est
Sur ma fille
Que je sois
Qui on lit
Rime à quoi ?
C’est inouï !
Quelle est donc ma faute
Si professionnelle
Comme auteur et hôte
De ces ritournelles
Soumission
Au DASEN.
D' ma passion
Écrivaine
Révoquée
Pour rimer
À rimes é-
Quivoquées
Dénigré
Abattu
À pleurer
Suspendu
La critique est facile
Quand l'art parle de sexe
Le critique m'est hostile
Mon art n'est qu'un prétexte
Ne penser
Plus qu'à ça
Ne parler
Que de ça
Penser sans
Se méprendre
En tentant
De comprendre
Ressasser
Jour et veille
Sans trouver
Le sommeil
À chercher l’oubli
Dans l’ivresse et n’y
Trouver que l’ivresse
L’oubli en tristesse
Emmuré
Déprimé
Enivré
Enfumé
Un poète
Mis à pied
De l’entête
Jusqu’aux pieds
Malheureux
Mis au vert
Noir s’est re-
Mis aux verres
Sans foi ni état d’âme
Le sociopactisé
Aura réussi à me
Défonctionnariser
27 mai 2014, 18h00, par mail :
Le compte-rendu de l’entretien
Du matin même m’est mailé
Je dois leur retourner signé
Et ce dans les plus brefs délais
Pressés de me voir avouer
Sans pouvoir les désavouer
Si un avis de réception
Vaut droit à la contradiction
Le respect de légalité
N’incombe donc qu’à l’accusé
Nulle trace de ma demande
Qu’on me laisse lire la lettre
Et répondre aux parents choqués
Sans m'excuser pour m'expliquer
À lire en majuscules lettres
Une morale réprimande
Comme un lynchage entre leurs lignes
Institutionnel de l’indigne
Accusé déjà condamné
En tout moins de huit heures après
Avoir été auditionné
Dites donc ! Ça n'a pas traîné
Sauf s’il a été rédigé
Avant qu’ils m’aient interrogé
Je suis surpris de constater
Que l’agenda de monsieur B
Me soit entièrement consacré
La priorité de l’Éducation
Nationale (non cette institution
Pénitentiaire) est-elle qu’elle arrête
Quelque inoffensif et fieffé poète ?
Mon rendez-vous du lendemain
Aux R.H. est annulé Tiens !
À peine sept minutes après
Que je sois suspendu Purée !
Réunion de dernière minute
C’est vraiment pas de chance Zut !
Mais ils me recontacteront
Pour un autre rendez-vous Bon...
27 mai 2014, 16h37, par mail :
« Monsieur le D.R.H. adjoint
Devait vous recevoir demain
Mais il a malheureusement
Une réunion imprévue Nous
Vous recontacterons pour vous
Fixer un autre rendez-vous
Sa secrétaire Cordialement »
Pardon monsieur mon employeur
Si je ne partage vos valeurs
Propres mais point universelles
Car voyageant j’ai connu celles
Que vous niez - j’en suis contrit -
Revenu plus ouvert d’esprit
Accoutumé aux djellabas
Boubous ponchos ou sérouals
Tenues moins infra-nationales
Qu’on porte à l’occasion là-bas
Pardon monsieur mon aimé Chef
Si votre deux-pièces s’accorde
À l’attitude peu accorte
L’air sévère et le ton altier
Qu’il vous plaît d’oser témoigner
À vos fort serviles employés
Mais je me permets derechef
Ici de vous réaffirmer
Que pour être plein et entier
Je n’ai nul besoin d’un complet
Pardon monsieur Son Excellence
Mais vous aurez beau dire et faire
L’habit ne fait pas plus le moine
Qu’il ne défait le fonctionnaire
Et ne sublime pas plus l’homme
Que la queue-de-pie le majordome
Si à vous il parait idoine
Pour moi le seul que je fais mien
Et que je mets sans indécence
Est bien le costume de bain
Pardon monsieur mon P.D.G.
Si cet accessoire masculin
De mode vous ornant si bien
M’est profondément étranger
Et même s’il faudrait le taire
Permettez donc que je préfère
À ce standard vestimentaire
Symbole d’un conformisme austère
Moi la cravate de notaire
Pratiquée par ma partenaire
Lors pardon Monsieur le D.A.S.E.N.
J’en appelle à votre clémence
Et supplie votre bienveillance
Sans nulle inimitié ni haine
De m’accorder en repentance
Signe de sincère allégeance
Et marque de paix entre nous
De représenter devant vous
Le spectacle de mon fondement
Dans son strict costume d’Adam
27 mai 2014, 16h35 :
Suspendu pour faute grave
Ces mots en moi se gravent
En mon esprit meurtri
Comme un bloc nervuré
De faux marbre poli
Abattu dévasté
Assis abasourdi
Vidé exténué
Encor dans le déni
De la réalité
Choqué désemparé
Blessé traumatisé
En cherchant à comprendre
Ce qui n'était qu'à prendre
À ma carrière entrave
Suspendu pour faute grave
Je lui demande la teneur
Menteur
De ces éléments soit-disant
Hâbleur
Nouveaux depuis ces quelques heures
Trompeur
Rendant ce besoin si urgent
Tricheur
S'en référant au ministère
Dupeur
Il ne répond rien ce butor
Fraudeur
En laissant planer le mystère
Bluffeur
DASEN. tu n'es pas un mentor
Menteur
27 mai 2014, 16h30 :
La sonnerie du téléphone
Dans ma tête depuis résonne
De la sentence de monsieur B
Qui veut me parler en personne
Et tombe comme un couperet
À peine quelques heures après
L'entretien de la matinée
– L’injustice à fins punitives
Peut se montrer expéditive –
Suite à la communication
Depuis le matin d’éléments
Neufs crispant la situation
Il m’annonce officieusement
(Avant l'officialisation
Par arrêté de suspension
Édité très prochainement)
Que ma suspension provisoire
Et à titre conservatoire
De l'ensemble de mes fonctions
De personnel de direction
Prend effet immédiatement
Interdiction m’est notifiée
De remettre même les pieds
Au collège ou dans mon bureau
Ni de reprendre mon métier
(Du monde parait-il le plus beau)
Je conserve mon logement
Et mes indemnités le temps
D’une sanction disciplinaire
Probable d'ici quatre mois
Maximum par le ministère
Alerté par le rectorat
Le procureur décidera
D'une suite à donner ou pas
À une enquête judiciaire
Égalité entre collègues
Le tutoiement est de rigueur
Entre chefs de lycée-collège
Solidarité intérieure
Du corps de direction
En d’égales fonctions
Inégalité hiérarchique
Le vouvoiement est abrogé
Individualités tragiques
Le tutoiement est reproché
Par un corps enseignant
À son corps dirigeant
Fraternité en formation
Unité dans l’apprentissage
Du sens de hiérarchisation
La loyauté en formatage
De chefs en promotion
Par le corps d’inspection
Limites du corporatisme
Seule la titularisation
Au concours compte Le terrorisme
D’État s’est armé de tampons
Dans son jusqu’au-boutisme
À l’aveugle intégrisme
Inégalité de fonctions
Condescendant et péremptoire
Le ton en inadéquation
D’un con incompétent notoire
Du corps de l’Inspection
Contre la Direction
Sans majuscules obséquieuses
Mes amabilités d'usage
Ses minuscules dédaigneuses
Sans réciprocité d'hommages
Mais pourquoi tant de haine
De la part d'un DASEN. ?
Si aucune distinction
Directe ou même indirecte
Ne peut se porter sur l’or-
Igine Déviant vu du Nord
Est – si je peux me permettre –
Bien triste acculturation
Géographiquement
Je n' suis pas de Déviant
Pas plus que Haut-Savant
Encor moins Chat-Biaisant
Privilège en naissant
Désolé moi je suis
De la race ou ethnie
Sous-cultivée des Ch’tis
De naissance C'est ainsi
Des regrets ? Que nenni !
27 mai 2014, 10h, D.S.D.E.N. d'ÂneSi, M. B et N
N avait aussi rendez-vous
Le même jour au même endroit
En plus avec le même fou
Réclamant qu'on évalue sa
Capacité de formation
Il tente d'aborder en vain
Ma non-titularisation
Mais on le coupe avant la fin
« Ce n'est plus la situation...
Comprenez – soit dit entre nous –
Les gens d’ici sont cultivés
Déviant c’est pas Valenciennes ou
Douai » lui confie monsieur B
En précision géographique
Ce sont là deux villes nordiques :
Valenciennes est là où j'avais
Suivi mes études au lycée
De la seconde à la math spé
Il l'avait lue sur mon C.V.
Quant à Douai où je n'avais
Peut-être jamais mis les pieds
Quel mal pouvait-elle incarner
Dans l'esprit dénigrant de B ?
** Notez pour les esprits pervers
Et déviants du Ministère
Que dans l'excellent Dictionnaire
Des synonymes et des mots
De sens voisin d'Henri Bertaud
Du Chazaud (édition Quatro
Gallimard) outils de travail
Indispensable à qui rimaille
Lisette est juste un synonyme
Parmi tant d'autres du nom Fille
Si j'avais voulu l'employer
En diminutif homonyme
Du joli prénom de ma fille
Lisa par respect je l'aurais
Évidemment majusculé
Ma lisette** mon arlequine
Ma brunette ma colombine
Ô la tendre beauté fragile
De ton corps sage et juvénile
Mon amour ma fille ma mie
Embrasse ton papa chéri
Mon bébé viens sur mes genoux
Vivons notre amour sans tabou
Mon petit papa mon chéri
Mon amoureux mon beau mari
Prisonniers amants éternels
De ton noble amour paternel
Mon bon sain père affectueux
Mon premier flirt incestueux
Si tes caresses sont un crime
Je suis consentante victime
Ma nymphette ma Salomé
Mon innocente petite fée
Tu n’es qu’un exemple trivial
De mes gestes d’amour filial
Ma douce onirique Sylphide
Qu’embrassent mes lèvres avides
Nos touche-à-tout fort innocents
Renouent les liens sacrés du sang
Mon papa d’amour mon daddy
Mon copain de jeux interdits
Je loue tes caresses voyous
Dans ma secret love song for you
My boyfriend my dear my loving
Pretty tender ô my darling
Coupable d’amours illicites
D’un texte aux lyrics sexplicites
Ma belle ma fidèle nurse
Ma douce atteinte aux bonnes mœurs
Petit bout de femme fatale
À mes déviances coïtales
My girl my love ô my baby
My pretty sweet sexy lady
Dieu me pardonne la luxure
De nos rapports contre-nature
Le harcèlement sensuel
De tes attentions paternelles
Restera toujours entre nous
Un fol secret à nos mots fous
L’affection supra naturelle
De tes caresses maternelles
Sont des détournements mineurs
Fausse note en gamme majeure
Reine et sujet de nos fantasmes
En nos asexués orgasmes
Aux vertueuses déviances
Coupables d’abus de confiance
Le texte clame mon sexcrime
Moi le monstre haï en prime time
Mon crime de lèse-paternité
Me condamne à perpétuité
* duo entre un père et sa fille
Quitte à me savoir déjugé
Pour que chacun puisse en juger
Objectivement en conscience
Avant de me lire imposée
Ma sentence en non-repentance
Je soumets l'intégralité
De la chanson incriminée
Aux esprits un brin plus lettrés
Que ceux qui font autorité
Dans les travées du Ministère
Éducatif qui la jugèrent
D'atteinte à la moralité
Et d'ode à la perversité
Que je qualifie de dual
Poème d'amour licencieux
Une chanson d'amour filial
À dévoiement incestueux
Pas l'apologie pédophile
De l'abus intrafamilial
Duo entre un père et sa fille
Sulfureux autant qu'amoureux
Duo aux sous-entendus lourds
À la façon Lemon Incest
Entre Charlotte et Serge Gainsbourg
Sur le thème tabou de l'inceste
N'en déplaise aux censeurs moraux
D'austères bureaux rectoraux
Après accusations offenses
La Parole est à la défense
Donc messieurs vous me reprochez
De publiquement m’afficher
Sur mon site privé personnel
D’écriture dont l’U.R.L.
Qui n’est sue que de mes amis
(Dont vous ne faites pas partie)
N’est portée que sur mon C.V.
(Preuve que rien n'est à cacher)
Que vous seuls pouvez consulter
(Comme versé à mon dossier
Administratif comme il sied)
Et l' profil d'un réseau social
Où je ne suis identifiable
Ni par mon nom (non mentionné)
Ma photo (de loin et floutée)
Ma profession (quand mon métier
Était professeur de mathématiques)
Ni même mon pays (en Afrique)
Après les marques de vos outrances
La Parole est à la défense
Ont retenu votre attention
Deux poèmes et une chanson
Sur les plus de mille deux cent
Que contient ma compilation
(Soit donc zéro vingt-cinq pourcent
Du total de ma création)
De poèmes pour les enfants
D’écrits de voyage ou bibliques
D’un dictionnaire de poétique
D’une centaine de chansons
Sur tous les thèmes styles et tons
En vers rimés en général
D’une comédie musicale
En cours à thème prostibulaire
D’animaliers abécédaires
Et plus d’un millier de poèmes
De forme et fond divers (qu’on aime
Ou pas là n’est pas mon problème)
Après accusations offenses
La Parole est à la défense
Il est vrai que figure aussi
Un court recueil de poésie
Pour public adulte averti
(À deux reprises ça suffit ?)
En nombre très minoritaire
Dans ma création littéraire
Et suffisamment poétique
(De l’humble avis de son auteur
Qu’importe celui des censeurs)
Pour être classés érotiques
(En aucun cas pornographiques)
Je ne prêt à reconnaître
Le caractère incestueux
(Déchiffré au pied de la lettre)
À une chanson parmi ceux-
Ci n’est en rien délictueux
Que cela vous choque messieurs
Il ne m’importe que trop peu
Après sous-entendus défiance
La Parole est à la défense
Permettez ne vous en déplaise
D’être suffisamment à l’aise
Pour vous affirmer ici même
Que je peux écrire tout poème
Quel qu'en soit le ton ou le thème
Sans avoir à en informer
(Encore moins à demander
Permission à) mon employeur
Étatique (ou privé d’ailleurs)
Car la liberté d'expression
(Gravée dans la Constitution)
Donne le droit aux citoyens
De s'exprimer par tout moyen
Comme vous devez le savoir
Écrire est mon droit le plus strict
Et le respecter un devoir
(Même pour les plus hérétiques
De mes supérieurs hiérarchiques)
Après accusations offenses
La Parole est à la défense
Enfin sans qu'en rien cela n'ôte
À votre littéraire faute
Afin d'extirper du coma
Vos esprits viciés qui se vautrent
Dans l’imbécillité comme a
Écrit Rimbaud « Je est un autre »
En scindant l'identité propre
De l'auteur de l'altérité
En altérant la vérité
Vous entravez ma liberté
D'écrire et de le publier
Au nom de la moralité
Étriquée que vous incarnez
Et prétendez représenter
Vous qui vous faites bons apôtres
En vous conduisant en judas
Gardez pour vous vos patenôtres
Je ne me confesserai pas
J'ajoutai même pour conclure
Les regardant dans les yeux dur
« Ne vous attaquez pas pour sûr
À moi ni à mon écriture »
* parlé
